En tant qu’animatrice, il m’arrive parfois d’entendre des remarques qui montrent que deux croyances sont encore aujourd’hui bien ancrées chez certain.e.s : professionnel.le.s comme particulier.e.s.
La première remarque est « ce n’est pas en jouant que je vais trouver du travail ». Ma traditionnelle réponse est « et pourquoi pas ?! ». Même si la ludopédagogie est de plus en plus considérée comme une méthodologie d’apprentissage solide, ce n’est pas inscrit dans tous les mœurs. Jouer est souvent vu comme un passe-temps, qui n’apporte rien de plus que de passer le temps en s’amusant. Mais peut-être qu’il peut vous en faire gagner justement. C’est plus simple et rapide d’apprendre en s’amusant, que seul.e face à une montagne de documents rédigée en police Times New Roman 11, non ?
Pour les plus sceptiques sur l’apport de la ludopédagogie, je vous propose de lire cet article. Il décrit ses intérêts et son impact sur l’apprentissage et le développement des compétences.
La deuxième remarque est « ce n’est pas infantilisant ? » Bon celle-ci je l’entends à 95% de la part des professionnel.le.s mais ça nous permet de nous rappeler une croyance que de nombreuses personnes ont encore : « Jouer c’est pour les enfants ». Loin de moi l’idée de vous faire développer un syndrome de Peter Pan. D’ailleurs, je citerais plutôt le Petit Prince pour m’en défendre : « Toutes les grandes personnes ont d’abord été des enfants. Mais peu d’entre elles s’en souviennent. » – Saint Exupéry.
Mais alors, comment faisons-nous pour jouer, apprendre, développer des compétences tout en ne se transformant pas en enfant ? Prenons un exemple précis : Gum Gum en quête de reconnaissance.
Il s’agit d’un outil ludique utilisé dans un atelier proposé à LA BOITE A. A travers l’histoire de Gum Gum, les participant.e.s sont invité.e.s à découvrir la notion de reconnaissance ouverte et à initier une réflexion sur la valorisation des compétences.
Laissez-moi vous présenter rapidement Gum Gum. Il s’agit du personnage principal de notre outil. Gum Gum qui travaille dans la communication au milieu de la jungle, souhaite se reconvertir pour devenir chef cuisinier et doit pour cela convaincre les gnous de la réserve. Il part alors aux 4 coins de la jungle pour récolter des témoignages attestant de ses compétences.
Notre personnage fait référence à un personnage emblématique de la nuit au musée : une statue de l’île de Pâques (un moaï) qui mache du chewing-gum et répète en boucle Gum Gum. Maintenant que vous connaissez davantage le personnage principal de notre outil vous vous demandez surement : pour quoi utiliser ce personnage pour découvrir la reconnaissance ouverte ?
La reconnaissance ouverte démontre qu’il est possible de reconnaître ses compétences autrement que par des diplômes et ou des expériences professionnelles. Elle propose donc d’ouvrir ses possibles et de bousculer le cadre de reconnaissance formel auquel nous avons été habitués. Pour en connaître davantage sur cette notion.
Se décentrer, partir d’un monde imaginaire où des animaux sauvages ont des métiers, où une pierre parle, permet de s’affranchir plus facilement du cadre formel auquel nous sommes confrontés dans notre vie quotidienne. De cette façon les freins sont levés et le champ des possibles est exacerbée.
La première compétence demandée aux participant.e.s est de se projeter : mettez-vous à la place d’un gnou de la réserve et choisissez le témoignage qui vous donne envie de prendre Gum Gum en formation. Ils doivent donc se projeter dans la jungle mais surtout en tant que recruteur en formation : quelles compétences me semblent importantes pour devenir chef cuisiner ? Quelle personne est la plus fiable pour parler de Gum Gum ? Son amie cheffe ? Sa mère ? Son marchand de fruits et légumes ?
La deuxième compétence demandée est la prise de décision. Les participant.e.s font le tour des affiches et vont devoir prendre une décision : Analyser les témoignages, les confronter à leurs représentations, peser le pour et le contre et prendre une décision.
La troisième compétence est l’argumentation. Il.elle.s expliquent leurs choix et débattent sur les différents témoignages : est-ce que la mère de Gum Gum est la mieux placée pour parler des compétences de son fils ? En quoi une expérience développée dans le domaine de la communication peut servir en cuisine ? Y-a-t-il réellement un témoignage qui se démarque des autres ?
Chacun.e apporte son avis sur toutes ces questions et alimente la réflexion sur la valorisation des compétences.
D’autres compétences sont également mobilisées : communiquer, apprendre à apprendre, la créativité etc. Elles vont dépendre de chacun.e.
Le débrief a une place centrale dans cet outil : c’est par ce débrief que les liens entre ce monde imaginaire et la réalité peuvent se créer. Les participant.e.s s’imaginent à la place de Gum Gum et se demandent quelles expériences de leurs quotidiens peuvent être mises en avant. Le retour à la réalité s’opère alors et nous en profitons pour leur présenter un outil qui peut les aider dans cette quête : l’open badge.
Si vous n’êtes toujours pas convaincu que le jeu est un outil qui favorise l’apprentissage et le développement de compétences, et/ou bien si la thématique de la reconnaissance vous intéresse : je vous propose de venir vivre cet atelier à LA BOITE A. Le calendrier des prochains ateliers est disponible ici.
Et pour tous ceux qui malheureusement vivent trop loin pour venir nous voir, vous pouvez vous procurer l’outil Gum Gum en quête de reconnaissance sur ce lien.